LA SÉDATION INCONSCIENTE : LES “COMAS” ARTIFICIELS
Dans les cas où le patient est très sévèrement anxieux ou que son état général est fragile et ne permet pas forcément une sédation semi-inconsciente, le chirurgien-dentiste, entouré d’anesthésistes-réanimateurs formés à la sédation pour soins dentaires, peut proposer une sédation inconsciente.
Contrairement à la Suisse, où toutes les techniques de sédation peuvent s’envisager au cabinet, la France impose que les anesthésies générales soient uniquement pratiquées en milieu hospitalier ou en clinique. On distingue classiquement trois niveaux de sédations inconscientes : la neurolepanalgésie, l’anesthésie générale légère et l’anesthésie générale profonde.
La neurolepanalgésie
Particulièrement adaptée à certaines pathologies lourdes, nécessitant des séances de soins relativement pénibles, la neurolepanalgésie présente la spécificité de plonger le patient dans un coma dit “de stade 1”, provoqué par l’injection par voie veineuse, juste avant et durant toute l’intervention, de produits neuroleptiques associés à des dérivés de la morphine ( produits les plus puissants antidouleurs existants donc analgésiants, annulant ainsi toute sensation douloureuse) (d’où son nom de “neurolepanalgésie”).
La présence d’un anesthésiste-réanimateur rend l’intervention particulièrement sûre. Le contrôle des fonctions vitales est permanent, en milieu hospitalier ou l’équivalent.
Toutefois, ce type de sédation dentaire doit être justifié par une indication opératoire spécifique. Si un important plan de traitement est envisagé, les neuroleptanalgésies peuvent être répétées assez fréquemment, ce qui en fait un gros avantage par rapport à l’anesthésie générale.
Les anesthésies générales
Pour des questions de sécurité, certaines interventions chirurgicales lourdes ou longues ne peuvent s’effectuer que sous anesthésie générale. Le patient doit dormir pour ne rien ressentir ni bouger car les gestes du chirurgien sont précis et tout mouvement ou douleur du patient peut entrainer une fausse manipulation ou geste chirurgical dévié, donc dangereux.
Le choix de l’anesthésie générale légère ou profonde s’effectue toujours en fonction du type d’opération (lourde ou légère, longue ou courte…), mais aussi bien sur selon la personnalité du patient. Ainsi, le choix pourra être différent en fonction de son niveau d’anxiété, de son état de santé général, des éventuels traitements suivis, de sa dentophobie avérée… Le chirurgien dentiste peut également avoir une préférence. Certains professionnels préfèrent un patient endormi, d’autres exigent la collaboration de l’opéré…
Au final, le choix doit être arrêté de façon concertée entre le chirurgien-dentiste et son patient. Mais, si le patient le souhaite et, surtout, que son état de santé le permet, l’anesthésie générale profonde peut être préférée pour tous les types d’interventions longues et/ou pénibles.
L’anesthésie générale légère
L’anesthésie générale légère associe, aux diazalnalgésies ou aux neuroleptanalgésies, un hypnotique, médicament qui induit un sommeil complet instantané. Ce mode de sédation dentaire implique que le patient soit assisté sur le plan ventilatoire pendant l’acte chirurgical.
Le patient ne garde en mémoire aucune perception, aucun souvenir de la période opératoire et souvent aussi des minutes qui la précède.
Réservée à des indications strictes et lourdes, l’anesthésie générale légère, correspond à un coma “de stade 2”, par injection de drogues par voie intraveineuse.
Elle est généralement proposée pour des patients dont l’état d’anxiété nécessite une déconnexion totale.
Elle est également intéressante pour les patients dont l’état de santé général nécessite une surveillance spécifique de leurs fonctions vitales, au sein d’un bloc opératoire d’une clinique.
L’anesthésie générale légère représente le mode de sédation dentaire de choix pour toutes les séances de soins longues et pénibles, pour les patients décrits ci-dessus.
Les patients extrêmement anxieux, à cause de leur phobie du dentiste ou de l’importance de l’intervention éprouveront un confort certain, en perdant toute conscience de la nature des soins prodigués, et de la durée de l’intervention.
L’anesthésie générale profonde
Dans ce protocole d’anesthésie générale légère, est ajoutée l’injection d’un curare.
Le patient devient parfaitement maitrisé sur tous les plans, y compris celui du saignement. En effet, le risque hémorragique existe et peut être prédominant dans certains actes chirurgicaux particulièrement invasifs.
Cette anesthésie générale, réalisée, comme précédemment par un médecin anesthésiste-réanimateur, relève de l’hospitalisation, en clinique ou l’équivalent. Elle doit être réservée aux patients présentant des pathologies à risque, nécessitant une surveillance accrue de leurs fonctions vitales et devant être intubés, ou parce que le protocole opératoire chirurgical est particulièrement lourd.